Projet VITAL – Les organisations paysannes, la recherche et les entreprises valorisent les effets durables de l’agroécologie pour un passage à l’échelle supérieure

Ce projet se focalise dans la région de San Pedro en Côte d’Ivoire, ville abritant le plus grand port cacaoyer du monde et où l’agroécologie est peu développée à San Pedro. De 2019 à 2022, ce projet a permis aux petits producteurs et productrices de cacao et maraichers et maraichères de mettre en place des pratiques agroécologiques et agroforestières. La réduction des intrants synthétiques (principe 2), la sante des sols (principe 3), la diversité économique (principe 7) et la cocréation des connaissances (principe 8) sont les principes et éléments de l’agroécologie mis au centre de ce projet.

Organisation chef de file
  • Union Inter-Régionale des Sociétés Coopératives (UIREC) : organisation paysanne qui regroupe 25 coopératives engagées principalement dans la production de cacao. L’UIREC pratique l’agroforesterie et agroécologie depuis plusieurs années. L’organisation renforce les capacités économiques et financières de ses membres et propose également des formations aux bonnes pratiques agricoles. L’UIREC est membre de l’Alliance pour l’Agroécologie en Afrique de l’Ouest ;
  • Agriculteurs Français et Développement International (AFDI) : association de solidarité internationale soutenant les agricultures familiales dans leur volonté de vivre dignement de leur métier et d’assurer la relève, dans les exploitations agricoles et au sein des organisations paysannes (OP) ;
  • L’Institut National Polytechnique Houphouët Boigny de Yamoussoukro (INPHB) : établissement public de formation supérieure, de recherche et de production, rassemblant 9 écoles et situé à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire ;
  • Société coopérative de la zone des Savanes à Bouaflé (SCZSB) : coopérative de producteurs et productrices de maïs.
Pays

région de San Pedro en Côte d’Ivoire.

Contexte

L’agroécologie est peu développée à San Pedro, ville abritant le plus grand port cacaoyer du monde. La région fait face à des conditions climatiques extrêmes (sècheresses et vents violents). Les sols ont une fertilité en baisse due à la surutilisation d’intrants synthétiques, la monoculture et le labour intensif. La région fait aussi face à une déforestation accrue lié à l’exploitation minière, à l’expansion de l’agriculture (ex. En 2020, 7 000 hectares de superficie forestière ont été défrichés dans le pays à des fins de production de cacao selon Mighty Earth) et de la production de bois à des fins énergétiques ainsi qu’à l’explosion des feux de brousse.

La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de fèves de cacao (2 millions de tonnes produits par an) couvrant 40% de l’offre mondiale[1]. Ceci contribue à 15 à 20% de son PIB, emploie près de 600.000 planteurs et planteuses et fait vivre près du quart de la population. Le cacao est produit à 98% par des exploitants familiaux, réunis dans des coopératives qui malgré quelques difficultés parviennent à augmenter la résilience des producteurs-rices. Etant donné que 67% du cacao ivoirien est consommé en Europe, des communications et initiatives entre l’Union européenne et la Côte d’Ivoire ont été publiés afin de lutter contre la déforestation.

 

[1] La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de fèves de cacao, avec une production annuelle

d’environ 2 millions de tonnes, soit 40% de l’offre mondiale.

Durée du projet

2019-2022

Mission

L’objectif du projet était d’intensifier les pratiques agroécologiques afin d’apporter une durabilité économique et environnementale aux exploitations familiales. Il s’agit notamment d’expérimenter des pratiques agroécologiques appropriées sur les cacaoyers et le maïs, de diffuser le résultat des expérimentations et de valoriser sur les marchés les produits issus de ces pratiques. La plus-value de ce projet est l’expérimentation collaborative car le projet avait pour ambition de faire participer activement la société civile rurale, la recherche et les organisations de producteurs-rices dans la co-construction de dispositifs d’expérimentations, de sensibilisation et de formations aux pratiques agroécologiques. 

Financement

Coût total du projet : 219 millions de francs CFA (soit environ 335 610 EUR)

Source de financement : Agence Française de Développement (AFD) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO (ECOWAS en anglais)).

Populations cibles

Cibles : Producteurs-rices de cacao et maraicher-e-s

Taille moyenne des parcelles de cacao : 2,5 hectares

Activités

          Un diagnostic agraire et une étude de marché ont été effectués au démarrage du projet en 2019. Ces deux documents ont mis en lumière un manque d’entretien des plantations de cacaoyers, un manque d’élagage des cacaoyers, un manque de réglage des densités des cacaoyers, une mauvaise application des fertilisants chimiques ou biologiques, et une présence de la pourriture brune du cacaoyer. Ce constat a guidé le choix vers des expérimentations agroécologiques à mener avec les producteurs-rices ainsi que la valorisation des productions agroécologiques sur les marchés.

          18 parcelles expérimentales ont été mises en place avec l’objectif de montrer l’efficacité des pratiques agroécologiques et de former les producteurs à ces pratiques. Pour la filière cacao, les expérimentations ont porté sur les bonnes pratiques d’entretien des cacaoyères (fertilisation organique et réglage de la densité) et sur l’agroforesterie (choix des espèces en fonction de leur apport en fertilité pour les sols, de leur capacité d’ombrage et du revenu supplémentaire qu’elles peuvent générer (fruits, bois)). Sur la filière maïs, des pratiques d’agriculture de conservation ont été testées (non-labour et semis direct, associations de culture, biofertilisants).

          Un réseau de 15 animateurs-rices et de 40 paysan-nes-relais (PR) a été créé et a été formé afin d’animer les interventions sur ces parcelles, de favoriser la diffusion des pratiques (biochar, bio intrants, élagage, etc.) auprès des autres producteurs-rices, de renforcer les capacités de gestion et de bonne gouvernance et de mieux inclure les jeunes au sein des coopératives. Entre 2020 et 2022, 3 147 heures de formations ont été réalisées pour les membres de l’UIREC (790 hommes et 161 femmes). 

          Des journées portes ouvertes et des émissions de radio ont aussi permis d’accroitre la visibilité du projet et des pratiques agroécologiques auprès du grand public.  

Résultats

  • Plus de 1000 producteur-rices du réseau de l’UIREC ont bénéficié d’un appui institutionnel et technique.
  • Les bonnes pratiques sur les cacaoyers ont résulté en un accroissement de la productivité des arbres: ils sont passés de 300 kilos par hectare produits annuellement à plus 750 kilos à l’heure actuelle. 100% des enquêtés ont augmenté leur production de cacao entre 2019 et 2021 (augmentation moyenne de 7,2% entre 2019 et 2020; 8% entre 2020 et 2021 et 15,8% entre 2019 et 202).
  • (87% des enquêtés notent une diminution des attaques des nuisibles sur le cacao depuis 2 ans).
  • Les parcelles de monoculture ont été muté en parcelle d’agroforesterie.
  • Les intrants synthétiques ont été supprimés et remplace au besoin par des biofertilisants.
  • Les revenus des producteurs-rices ont augmenté grâce à la diversification économique et à la réduction des couts.
  • Le processus de transition vers l’agroécologie et l’agroforesterie a été valorisé grâce à une communication auprès du grand public et un dialogue avec des sociétés de gestion des ressources naturelles, des organisations de consommateurs et les représentant-e-s politiques.
  • Finalement, une démarche qualité est en réflexion avec 200 producteurs-rices venants de 5 coopératives dans l’objectif de certifier leurs produits en agriculture biologique via le label ECOCERT, mais le coût important d’une telle certification oriente l’UIREC vers la recherche d’un client pour le cacao biologique en amont de la certification.

Méthodes de suivi et évaluation utilisées  

Le réseau a mesuré avec les chercheur-ses de l’INPHB, les performances sociales, économiques et environnementales de ces systèmes.

  • Pour l’évaluation de la santé du sol, des échantillons ont été prélevés au début et à la fin du projet. A San Pédro, les éléments chimiques (NPK, carbone etc.) du sol ayant bénéficié de biofertilisants se sont améliorés durant la période du projet.
  • Pour l’impact de la formation sur les personnes formées, une enquête a été réalisée en août 2022 pour estimer combien de personnes formées (échantillon de 25%) mettent en pratique les techniques agroécologiques acquises au cours des formations. 100% des personnes formes ont mis en place des pratiques agroécologiques mais l’enquête n’a pas été assez précise pour extrapoler le type de pratiques mises en place.

Est-ce que les producteurs de cacao et maraichers ont un business modèle viable dans le temps ?

  • 99% des enquêtés pensent que leurs dépenses pour la culture du cacao ont diminué grâce à la diminution des nuisibles.
  • La diversification économique est aussi cruciale : 66% des enquêtés ont d’autres sources de revenus que le cacao, principalement hévéa, palmier à huile, riz, maïs. 100% des enquêtés ont le sentiment de mieux gagner leur vie depuis 2 ans.

Liens utiles:
AFDI – Rapport Final 2019-2022.

 

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